Le syndicat de copropriété : statut et pouvoirs

Le syndicat de copropriété est une entité qui regroupe automatiquement l'ensemble des copropriétaires d'un immeuble. Mais quelle est sa forme juridique ? Explications.
Cette structure est indissociable de toute copropriété : dès qu'un immeuble compte au moins deux propriétaires différents, le syndicat de copropriété existe de plein droit, sans aucune formalité particulière.
Pour qu'un syndicat de copropriété soit constitué, deux conditions doivent être réunies :
- L'existence d'un immeuble divisé en au moins deux lots distincts.
- La présence d'au moins deux copropriétaires différents, chaque lot comprenant une partie privative et une quote-part des parties communes.
Cette organisation permet d'assurer la gestion collective de l'immeuble et la défense des intérêts de tous les copropriétaires. Chaque nouveau propriétaire devient automatiquement membre du syndicat de copropriété dès l'acquisition de son lot.
Quel est le statut juridique d'un syndic de copropriété ?
Le syndicat de copropriété dispose d'un statut juridique spécifique de personne morale, totalement indépendant de celui des copropriétaires. Cette personnalité juridique lui est conférée automatiquement par la loi du 10 juillet 1965, qui fixe le statut de la copropriété des immeubles bâtis.
En tant que personne morale non-professionnelle, le syndicat des copropriétaires représente des intérêts collectifs qui dépassent les intérêts individuels de chaque copropriétaire.
À ce titre, le syndic de copropriété possède :
- Un patrimoine propre ;
- La capacité d'agir en son nom ;
- Un siège social, généralement situé à l'adresse de l'immeuble ou au domicile du syndic ;
- Le pouvoir de contracter des prêts et d'ester en justice.
En matière de responsabilité juridique, le syndicat de copropriété peut :
- Engager des actions en justice pour défendre les intérêts de la copropriété.
- Poursuivre un copropriétaire ne respectant pas le règlement de copropriété ou les décisions d'assemblée générale.
- Agir contre des tiers (constructeurs, fournisseurs, prestataires) en cas de litige.
Le syndicat peut également voir sa responsabilité engagée, notamment en cas de :
- Défaut d'entretien des parties communes ;
- Dysfonctionnement des équipements collectifs ;
- Vices de construction, même antérieurs au statut de copropriété ;
- Non-réalisation des travaux nécessaires votés en assemblée générale.
La jurisprudence a d'ailleurs confirmé cette responsabilité dans plusieurs cas emblématiques : chute dans un sous-sol mal éclairé (Cour d'appel de Paris, 2003), problèmes de ventilation (Cour de cassation, 1980), ou encore absence de travaux de réhabilitation pourtant nécessaires (Cour de cassation, 2014).
En cas de condamnation du syndicat, les dommages et intérêts sont répartis entre tous les copropriétaires selon leurs quotes-parts. À l'inverse, si le syndicat obtient gain de cause dans une action qu'il a engagée, les indemnités perçues lui sont directement versées.
Qu'est-ce qu'un syndic de copropriété ?
Dans le cas d'une copropriété comportant plusieurs bâtiments, la loi prévoit la possibilité de créer des syndicats secondaires. Cette organisation est autorisée par l'article 27 de la loi du 10 juillet 1965, dès lors qu'il existe "des entités homogènes susceptibles d'une gestion autonome".
La création d'un syndicat secondaire nécessite un vote en assemblée générale à la majorité absolue des voix des copropriétaires. Une fois constitué, le syndicat secondaire dispose des mêmes prérogatives qu'un syndicat principal :
- Son propre règlement de copropriété ;
- Ses assemblées générales distinctes ;
- Un syndic et un conseil syndical dédiés ;
- Une comptabilité et un budget prévisionnel indépendants.
Les copropriétaires membres d'un syndicat secondaire doivent s'acquitter de deux types de charges :
- Les charges du syndicat principal.
- Les charges spécifiques au syndicat secondaire.
Ils rémunèrent donc deux syndics, sauf si le même syndic est désigné pour les deux entités, auquel cas une remise peut être négociée.
Il est important de noter que les syndicats secondaires restent juridiquement dépendants du syndicat principal. Leur représentation au sein du conseil syndical principal est proportionnelle au nombre de lots, avec au minimum un membre par syndicat secondaire, conformément aux articles 22 et 24 du décret du 17 mars 1967.
Pour rappel, l'adhésion au syndicat de copropriété, qu'il soit principal ou secondaire, est automatique dès l'acquisition d'un lot. Il n'est pas possible d'être copropriétaire sans être membre du syndicat correspondant.
Comment se fait le renouvellement du mandat du syndic de copropriété ?
Le renouvellement du mandat du syndic se décide lors d'une assemblée générale des copropriétaires, à la majorité absolue des voix. La durée maximale du mandat est fixée à 3 ans, avec possibilité de renouvellement.
Une mise en concurrence des contrats de syndic est obligatoire avant chaque désignation, sauf dérogation votée par l'assemblée générale. Le conseil syndical doit présenter plusieurs propositions de contrats aux copropriétaires pour comparaison.
Si le syndic actuel ne souhaite pas poursuivre sa mission, il doit en informer le conseil syndical au minimum trois mois avant la fin de son mandat. À l'inverse, les copropriétaires peuvent décider de ne pas renouveler le mandat sans avoir à justifier leur choix. Dans ce cas, la nomination du nouveau syndic prend effet un jour après l'assemblée générale pour assurer une transition fluide.
Quel est le rôle du syndicat de copropriété ? Quelles sont ses obligations ?
Le rôle central du syndicat de copropriété
En tant que propriétaire légal des parties communes, le syndicat de copropriété a pour mission principale d'administrer l'immeuble. Cette responsabilité implique l'entretien régulier des parties communes et la réalisation des travaux nécessaires à leur conservation.
Les pouvoirs exercés en assemblée générale
Ce sont lors des assemblées générales, obligatoires au moins une fois par an, que le syndicat exerce ses principaux pouvoirs décisionnaires. À cette occasion, il vote notamment :
- Le budget prévisionnel pour l'année à venir ;
- L'approbation des comptes de l'exercice écoulé ;
- Le maintien ou le changement de syndic ;
- Les travaux à entreprendre dans l'immeuble ;
- La désignation des membres du conseil syndical ;
- Les modifications éventuelles du règlement de copropriété.
La participation aux assemblées générales
Bien que la présence aux assemblées générales ne soit pas obligatoire, il est vivement recommandé d'y participer. En effet, les décisions prises s'appliquent à l'ensemble des copropriétaires, qu'ils aient été présents ou non.
Si vous ne pouvez pas assister personnellement à l'assemblée, vous avez la possibilité de :
- Donner procuration à la personne de votre choix.
- Mandater un autre copropriétaire (dans la limite de 5 % des tantièmes de la copropriété).
Cette représentation est particulièrement importante pour les décisions nécessitant une majorité absolue des voix des copropriétaires, qui peuvent avoir un impact significatif sur la gestion de votre copropriété.
L’assemblée générale, l’instance principale d’exercice des pouvoirs du syndicat de copropriété
Lors de l’assemblée générale ordinaire, qui se tient une fois par an, le syndicat de copropriété examine et vote différentes résolutions.
Tout d’abord, il y a les résolutions qui doivent être votées à la majorité absolue des voix des copropriétaires :
- Les résolutions relatives au maintien du syndic actuel ou à la désignation d’un nouveau syndic ;
- Les résolutions relatives à l’élection ou la révocation du conseil syndical ;
- Les résolutions relatives à la sécurité de l’immeuble (autorisation permanente d’accès accordée aux forces de l’ordre, modalités d’ouverture des portes d’accès à l’immeuble, installation d’un interphone ou digicode, autorisation de transmettre les images de vidéosurveillance aux forces de l’ordre en vue de la protection des parties communes).
La majorité absolue des voix des copropriétaires est également requise pour les décisions relatives à la vente et à la répartition des charges :
- Les conditions de vente d'une partie commune résultant d'une obligation légale ou règlementaire
- La modification de la répartition des charges de copropriété suite au changement d'usage d’une partie privative.
- De même pour les résolutions relatives aux travaux d’économie d’énergie, aux travaux de transformation, d’addition ou d’amélioration,
- Idem pour les travaux affectant les parties communes ou l’aspect extérieur de l’immeuble aux frais d’un copropriétaire, aux travaux d’installation de compteurs d’eau froide divisionnaires et de compteurs / répartiteurs de chauffage, aux travaux nécessaires pour l’individualisation des contrats de fourniture d’eau et au ravalement imposé par l’administration.
- Pour voter la dispense d'ouverture de compte bancaire ou postal séparé, quelque chose qui reste autorisé si la copropriété comporte moins de 15 lots.
D’autres types de résolutions sont votées à la majorité simple :
- L'approbation des comptes annuels ;
- Le budget prévisionnel de la copropriété pour l’année à venir ;
- L’organisation et au fonctionnement du conseil syndical ;
- Les travaux nécessaires à la conservation de l’immeuble, aux modalités de réalisation des travaux obligatoires (en vertu de la loi, du règlement de copropriété ou d'un arrêté de police), aux travaux d'accessibilité ;
- L’adaptation du règlement de copropriété ;
- La suppression d’un vide-ordure pour raisons d’hygiène.
Requièrent *la double majorité les résolutions relatives à la suppression du poste de gardien ou de concierge et l’aliénation du logement qui lui est affecté, lorsqu’il appartient au syndicat, et à la modification du règlement de la copropriété.
Enfin, sont votées à la majorité absolue les résolutions relatives à l’aliénation de parties communes, à la suppression d'un équipement collectif (ascenseur, chauffage...), à la souscription d'un emprunt bancaire au nom du syndicat de copropriété, à la suppression du poste de concierge ou de gardien lorsqu’il porte atteinte à la destination de l’immeuble en vertu du règlement de copropriété, et à la modification de la répartition des charges.
Le conseil syndical, le petit comité des copropriétaires
Le conseil syndical constitue une instance essentielle au sein du syndicat de copropriété. Son rôle est d'être le porte-parole des copropriétaires auprès du syndic et de faciliter la communication entre ces deux entités.
Qui peut être membre du conseil syndical ?
Le conseil syndical se compose principalement de copropriétaires élus, mais peut également inclure :
- Les conjoints ou partenaires liés par un pacs ;
- Les ascendants ou descendants des copropriétaires ;
- Les représentants légaux des copropriétaires mineurs ;
- Les usufruitiers ;
- Les bénéficiaires d'un contrat de location-accession ou d'une vente à terme.
Comment sont élus les membres ?
L'élection des membres se fait lors de l'assemblée générale des copropriétaires :
- À la majorité absolue en premier lieu
- À la majorité simple sous certaines conditions si la majorité absolue n'est pas atteinte
- Pour une durée maximale de 3 ans renouvelable
- Sans rémunération, la fonction étant bénévole
Quelles sont les missions du conseil syndical ?
Le conseil syndical exerce un rôle de contrôle sur la gestion du syndic. À ce titre, il dispose de plusieurs prérogatives :
- Accès à tous les documents relatifs à la gestion de la copropriété (relevés bancaires, contrats, etc.) ;
- Consultation obligatoire par le syndic avant le vote de travaux ;
- Participation aux décisions concernant les contrats et marchés dépassant un certain montant fixé en assemblée générale ;
- Implication dans l'élaboration du budget prévisionnel.
Conformément à la loi, le syndic doit mettre à disposition du conseil syndical l'ensemble des documents de gestion, généralement via un extranet dédié. Tout manquement à cette obligation expose le syndic à des sanctions pécuniaires.
Quelle est la différence entre un syndic de copropriété et un syndicat de copropriété ?
Bien que leurs noms soient proches, le syndic et le syndicat de copropriété ont des rôles fondamentalement différents, mais complémentaires. Le syndicat regroupe automatiquement tous les copropriétaires d'un immeuble et représente leurs intérêts collectifs.
Le syndic, quant à lui, agit comme représentant légal du syndicat. Nommé par vote en assemblée générale, il met en œuvre les décisions prises par le syndicat et assure la gestion quotidienne de la copropriété : recouvrement des charges, entretien des parties communes, tenue de la comptabilité.
Cette relation peut être comparée à celle d'une entreprise avec son directeur : le syndicat définit la stratégie et prend les décisions majeures, pendant que le syndic les exécute et gère les opérations courantes.
L'immatriculation de la copropriété au registre national des copropriétés est d'ailleurs effectuée par le syndic en exercice pour le compte du syndicat.
Un copropriétaire peut-il agir seul en justice contre le syndic ?
La loi accorde aux copropriétaires le droit d'agir individuellement en justice contre le syndic sans avoir besoin de l'accord du syndicat des copropriétaires. Cette action est possible lorsque vous subissez un préjudice personnel suite à une faute du syndic dans l'exercice de ses missions.
Pour engager une telle procédure, vous devez démontrer trois éléments :
- La faute du syndic ;
- Le préjudice subi ;
- Le lien direct entre les deux.
Par exemple, si le syndic n'a pas fait réaliser les travaux d'urgence votés en assemblée générale, causant des dégâts dans votre appartement.
Avant toute action judiciaire, privilégiez une résolution amiable en adressant une mise en demeure au syndic par lettre recommandée. Le conseil syndical peut également vous accompagner dans cette démarche. En cas d'échec de la conciliation, vous disposez d'un délai de 5 ans pour saisir le tribunal judiciaire.

